mercredi 7 mai 2014

Expérience d'un pharmacien diplômé en France au Québec



Edit (19/04/2015) : Thomas a depuis son propre blog, avec des articles intéressants sur la pharmacie au Québec. Vous pouvez le retrouver ici.

Bonjour à tous,

Suite à de  nombreuses demandes, je vais donc faire un descriptif de mon aventure au Québec comme pharmacien. Je m’appelle Thomas et j’ai 26 ans (bientôt 27). Tout d’abord je tiens à préciser deux points importants : le premier est qu’il s’agit de mon expérience personnelle et de mon parcours. Il est possible que d’autres personnes ayant vécu la même chose ne partagent pas mon avis. Le deuxième point est le motif du départ ; je suis venu vivre au Québec par j’y ai rencontré ma douce moitié il y a quelques années. Forcément, c’est une grande motivation pour réaliser tout le parcours pour changer de pays. J’ai été diplômé en mai 2013 après un parcours spécial ; j’ai réussi le concours de l’internat en 2010 et j’ai choisi la pharmacie hospitalière (j’avais le choix avec la biologie médicale). J’ai fait un an d’internat et suite à des problèmes de santé, j’ai été en disponibilité pendant un an. Je suis retourné en 6e année officine par la suite afin d’avoir rapidement mon diplôme pour rejoindre la personne qui compte le plus pour moi au Québec et qui avait été là pour moi dans mon épreuve de santé. J’ai travaillé depuis la 3e année comme étudiant en pharmacie, et j’ai travaillé comme pharmacien pendant 6-7 mois en France.

Je vais séparer mon propos en différentes parties afin d’illustrer du mieux possible les différences entre la France et le Québec. N’hésitez pas à la fin à me faire part de commentaires ou autres questions si vous avez besoin de plus d’informations. Bonne lecture.


INTRODUCTION

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je souhaite juste faire quelques rappels sur le Québec et le Canada. Le Canada est un état fédéral, de même que les États-Unis ou le Brésil. Plus précisément, le Canada est une monarchie constitutionnelle fédérale à régime parlementaire. La Reine d’Angleterre est la reine du Canada. Cependant, le pays est autonome et a un premier ministre (Stéphane Harper).

C’est donc un état fédéral, divisé en dix provinces et trois territoires fédéraux. La province du Québec n’est qu’une province parmi les 10 autres ! Le Québec est la seule province francophone. Les autres provinces sont théoriquement bilingues, en pratique anglophone totalement. N’essayez pas de parler français à Toronto ou à Vancouver. La capitale de la province de Québec est la ville de Québec. La capitale du Canada est Ottawa.

Le Québec n’est pas indépendant du reste du Canada ; l’état fédéral est responsable de l’armée, de l’assurance chômage, et de pleins d’autres secteurs. Le Québec a le pouvoir de légiférer dans plusieurs domaines comme l’administration publique, la santé et l’éducation. Donc la loi sur les professions de santé est propre au Québec. L’équivalence pour les pharmaciens français est propre au Québec. Tout ce que je raconte est propre au Québec. Il n’y a pas d’équivalence automatique si on a un permis au Québec et pour le reste du Canada car notre diplôme est à la base le diplôme français (et pas un diplôme québécois qui lui est reconnu par le Canada en général). De même, tout ce que je décris est valable pour la province du Québec, je ne connais absolument pas le reste du Canada (c’est un peu comme si vous me demandiez comment ça marche en Belgique ou en Suisse sous prétexte que ces pays sont aussi en Europe J). Pour plus de détails, je vous renvoie à Wikipédia :


La monnaie est le dollar canadien ; le taux de change n’est pas très bon en ce moment (1€ ~ 1,5 dollars), mais la qualité de vie est excellente.


1.     Formation initiale

Tout d’abord, pour bien comprendre pourquoi le Québec demande une équivalence poussée pour exercer au Québec, il faut comprendre que ce qui est demandé au pharmacien est à la fois semblable et très différent. On peut commencer à s’en rendre compte rien que par le déroulement des études.

Je viens de l’université de Châtenay-Malabry en région parisienne (Paris-Sud). J’ai beaucoup aimé les études, notamment grâce à sa richesse de contenu. On étudie les sciences biologiques, la physiologie humaine, la botanique, la biologie cellulaire et moléculaire, les techniques d’analyses physico-chimiques, la sémiologie, la pharmacologie, la chimie… Au fils des années, les matières devenaient plus pharmaceutiques (pathologies cardiaques, rénales, digestives…). Mais avec le recul, je réalise que des matières importantes pour le pharmacien sont mises en option.

Par exemple, qui a besoin en tant que pharmacien d’expliquer le processus de purification de l’eau et son circuit de distribution ? Qui a besoin de connaître par cœur la synthèse détaillée du glibenclamide ? Qui a besoin quotidiennement de savoir lire le spectre RMN d’un acide aminé ? Pas grand monde au final. Il est évident que certains vont devenir chercheurs, ou travailler dans le contrôle physico-chimique, etc. Mais la grande majorité ira en officine ou à l’hôpital. En revanche, le cours « Mère et enfant à l’officine » est une option, tout comme le cours « gériatrie »… Ce n’est pas normal, il devrait faire partie du cursus normal de tout pharmacien. Je reproche également la trop grande place donnée à la biologie médicale, sachant que seule une minorité d’étudiants a pour ambition de devenir biologiste. Au Québec, la biologie médicale est réservée aux seuls médecins. Personnellement, je pense que le pharmacien devrait se concentrer sur sa spécialité qu’est le médicament et laisser la biologie médicale aux médecins. Mais ça c’est mon avis.

Au Québec, les études de pharmacie ne durent que 4 ans. Mais pour entrer en pharmacie, la compétition est féroce. L’entrée est plus difficile qu’en médecine en raison d’une excellente qualité de vie en tant que pharmacien. Au Québec, le système scolaire est légèrement différent avec notamment les CEGEPS ; ce sont des établissements pré-universitaires avec une durée d’études de 2 ans. C’est le début de la spécialisation. Par exemple, pour rentrer en pharmacie, il faut de préférence avoir étudié dans un CEGEPS spécialisé en sciences de la nature (d’après ce qu’on m’a expliqué). L’entrée en pharmacie dépend des notes au CEGEPS et d’un entretien basé sur la motivation / parcours / activités extra-scolaires. J’ai remarqué que souvent beaucoup d’étudiants faisaient une autre licence (appelé ici bac) avant d’aller en pharmacie (pharmacologie, « biologie médicale », chimie…). Donc globalement les études pré-universitaires et universitaires durent 6 ans (2 ans de CEGEPS + 4 ans de pharmacie ± autre licence avant).

Il existe deux universités de pharmacie au Québec, uniquement francophones. L’une est à Montréal et prône un modèle d’étude par auto-apprentissage. L’autre est à Québec et ressemble plus à ce que l’on connait avec des cours magistraux et peu de lectures annexes. Mais les études sont centrées sur le cœur du métier : le médicament, la pharmacie clinique (appelée ici « soins pharmaceutiques » mais ça revient à peu près au même quoiqu’en disent les partisans de l’une ou l’autre appellation), le conseil au patient, etc. Je vous mets en lien les programmes des deux universités pour que vous puissiez vous en rendre compte directement :



Les stages sont nombreux contrairement à la France où l’on se contente du stage de 6 semaines en 2e année (souvent passé à ranger ou à servir au comptoir sans rien comprendre aux responsabilités que l’on a), des stages de commentaires d’ordonnance (maximum 4 semaines au total) et du stage de 6e année (6 mois). Ne parlons pas du stage hospitalo-universitaire qui n’est pas mis suffisamment à profit selon moi et où de nombreux étudiants y voient un moyen de faire la grasse matinée pendant un an (pas tout le monde heureusement). Globalement si on ne travaille pendant les études en France, on peut ne rien savoir de la pharmacie pendant toutes les études. Au Québec, les stages sont nombreux et aussi bien en officine qu’à l’hôpital. Au final, les études sont ciblées sur le corps du métier de pharmacien et prépare l’étudiant à savoir agir en milieu communautaire (et hospitalier en cas de maitrise (master) en pharmacie hospitalière).  Comme on dit ici, les études de pharmacie au Québec sont plus adaptées à la pratique.

Les études en France permettent aux étudiants d’avoir des débouchés très larges, dans de nombreux domaines et d’avoir un bagage scientifique très important. Cependant, on pourrait nettement diminuer la formation en chimie et augmenter celle en pharmacie clinique. Donc pas de regret sur ma formation française, mais pleins d’idées pour l’améliorer !! Je ne dis pas que le modèle québécois est parfait pour les études mais un mélange des deux seraient selon moi un excellent compromis pour former de bons pharmaciens et avoir une culture scientifique importante.

Concernant le coût des études, il est très faible en France (hormis les prépas pour la première année), soit environ 400-500€ par année en incluant la sécurité sociale. Au Québec, en moyenne, cela coûte près de 50.000 dollars apparemment. Donc on débute sa carrière bien endetté. Sachant que tous les stages réalisés pendant les études au Québec ne sont pas du tout rémunérés.

Enfin, concernant la pharmacie hospitalière, il faut passer une maitrise en pharmacie d’établissement (4 mois de cours et 1 an de stage) pour pouvoir devenir pharmacien hospitalier. L’avantage par rapport à la France, c’est qu’on est déjà officiellement pharmacien (Pharm.D) avant de pouvoir passer la maitrise. En France, il faut passer 4 ans d’internat et c’est uniquement après 9 ans que l’on est pharmacien. À titre de comparaison, en Suisse, le système est équivalent et on est d’abord pharmacien, puis on se spécialise en pharmacie hospitalière. Personnellement, je trouve ça plus logique mais bon, on aime bien les concours en France. Au Québec, la sélection est sur dossier (niveau scolaire pendant les études de pharmacie) avec des entretiens pour motivation. Je ne parlerai pas trop de la pharmacie hospitalière (même si j’en ai eu un bon aperçu via un stage de 3 mois en 2010).


2.     Rôle et responsabilités

Le pharmacien est le spécialiste du médicament ! On dit la même chose en France et au Québec. Notre rôle est de nous assurer que le patient reçoit le bon médicament ; nous avons un rôle de fournisseur et un rôle de conseil. Nous avons également le rôle de contacter le médecin afin de lui signaler toute erreur de prescription. Nous devons communiquer avec lui pour lui signaler une optimisation nécessaire d’un traitement.

Voici le lien du site de l’ordre des pharmaciens du Québec qui décrit les rôles du pharmacien au grand public :



Cependant, soyons honnête. Notre rôle est totalement dévalué en France. Nous sommes juste bon à « donner des pilules ». Il existe d’excellents pharmaciens ; mais nous sommes plus considérés comme des commerçants en France que comme des professionnels de santé de première ligne. Au Québec, même si les pharmacies sont situées dans des chaînes (Jean Coutu, Pharmaprix, Walmart…), le pharmacien est un professionnel de santé. Dans la pharmacie où je travaille au Québec, on ne m’a jamais dit « tu dois absolument vendre deux ou trois produits conseils à chaque client qui se présente ». Au contraire, si un patient vient me poser une question « est-ce que ce complément alimentaire sert à quelques chose ? Avez-vous des vitamines pour éviter d’être malades ? Que pensez-vous des omégas 3 ? Que me conseillez-vous pour mon rhume ? », je dois répondre avec professionnalisme et c’est fréquemment que j’explique au patient que ce qu’il veut acheter ne sert à rien. Je suis sûr qu’il y a pleins d’excellents pharmaciens en France, mais je trouve dommage que l’on fasse 6 ans d’études pour finalement vendre des boites. Et que pour compenser la baisse des marges on se mette à vendre tout et n’importe quoi en pharmacie (des chaussures, des produits miracles pour les cheveux, des bracelets magiques anti-moustiques, des lunettes…). Le pire étant que c’est le titulaire qui choisit généralement de vendre ces produits.

Au Québec, même si la pharmacie est remplie de trucs inutiles, c’est bien souvent la chaine qui impose la présence de ces produits. Et ce n’est pas à moi de prendre la pointure de Mme Michu pour qu’elle puisse acheter ses chaussures S**** super confortables, ni à l’aider à choisir parmi les différents modèles de lunettes de soleil. Il y a des gens dont c’est le métier de vendre des chaussures ou des lunettes. Au Québec, je peux être poursuivi par l’Ordre des pharmaciens si je conseille à quelqu’un qui va dans un pays infesté de moustiques de l’homéopathie ou un bracelet magique. Mon rôle est au contraire de le prévenir que cela ne sert à rien et que seul un produit contenant un certain pourcentage d’insectifuge a une efficacité démontrée, selon les recommandations sanitaires en vigueur, etc.

La phytothérapie et autres produits naturels sont hors du monopole pharmaceutique mais il peut arriver que l’on conseille sur leur utilisation (ou bien souvent sur leur non utilisation quand il y a des preuves que ça ne sert à rien ou que c’est dangereux). Par exemple la glucosamine dans l’arthrose est en vente libre, et si un patient me demande mon avis, je lui explique que les études ne montrent pas de différence avec un placebo. Libre à lui de l’acheter ou pas ensuite. Quand quelqu’un me pose une question sur l’homéopathie, je réponds franchement que je doute de l’efficacité réelle du produit mais que s’il souhaite l’essayer c’est son choix. Je dois néanmoins toujours m’assurer que le patient ne présente pas des signes d’alertes nécessitant une consultation médicale. Des pharmaciens ont été poursuivis par l’Ordre au Québec pour avoir conseillé à des patients de consulter des naturopathes ou des homéopathes car ces professions ne sont absolument des professionnels de santé au Québec.

Une nouvelle loi rentrera bientôt en vigueur au Québec pour augmenter les responsabilités du pharmacien : droit de prescription pour des pathologies ne nécessitant de diagnostic (prophylaxie paludisme, vitamines chez la femme enceinte, etc.) ou quand le diagnostic est connu et la maladie bénigne (bouton de fièvre (car l’aciclovir même en crème est sur prescription), cystite non compliquée…). Le cadre est très précis (par exemple, pour les infections urinaires, un diagnostic doit avoir été fait par un médecin depuis moins de 12 mois et un traitement pris depuis moins de 12 mois, il faut qu’il ait eu moins de 3 épisodes dans l’année et qu’il ne s’agisse pas d’un échec d’un premier traitement). On pourra également prescrire des analyses biologiques (en s’assurant d’abord qu’elles n’existent pas). Le site de l’ordre explique bien nos  nouvelles missions (qui nécessitent une formation complémentaire) :



Autre point positif : les ordonnances collectives. En gros, ce sont des ordonnances pré-signées par les médecins qui délèguent au pharmacien (ou à une infirmière) la possibilité d’initier une thérapie. Par exemple, là où je travaille, j’en ai une pour prescrire des décongestionnants à la cortisone pour la rhinite allergique, ou pour prescrire des patchs à la nicotine (couverts par les assurances), ou encore prescrire des médicaments contre la constipation en cas de thérapie médicamenteuse pouvant entrainer cet effet secondaire. C’est mon rôle de prescrire mais aussi de faire le suivi de l’efficacité (lors des visites du patient ou en l’appelant à la maison).

Néanmoins, le rôle du pharmacien s’explique aussi par les difficultés à voir un médecin : temps d’attente +++ pour avoir un médecin traitant, environ 1-2 mois d’attente pour prendre rendez-vous dans le secteur public, fermeture des cliniques sans rendez-vous tôt dans la journée. Bonne chance pour voir un médecin à partir de 13h. Résultat, bon nombre de personnes file directement aux urgences pour voir un médecin (et encombre celles-ci). C’est vraiment un problème majeur cet accès au médecin au Québec. D’où la multiplication du rôle du pharmacien, mais aussi des infirmières.

Concernant les préparations magistrales, rien de particulier, c’est comme en France. Il y a une augmentation des normes pour les préparations ce qui oblige à sous-traiter avec des officines qui se sont spécialisés (préparations stériles injectables, préparations complexes).

Enfin, concernant le maintien à domicile, on vend du matériel en pharmacie, mais il y a des magasins plus spécialisés qui s’occupent du maintien à domicile (location, etc.). Il y a aussi un peu d’orthopédie mais encore une fois, c’est souvent laissé dans des boutiques spécialisés par des professionnels qualifiés (et je suis bien content de ne plus à prendre des tours de cheville car ça m’énervait beaucoup !).

J’ai l’air un peu fâché avec les pratiques françaises, mais habitant la région parisienne, je me suis désolé pendant mes études du non professionnalisme des personnes avec qui j’ai pu travailler. Je ne connais pas la situation dans les différentes régions de France, ni dans toutes les pharmacies d’Ile-de-France non plus. Mais j’ai quand même travaillé dans des pharmacies où le titulaire pouvait expliquer à un patient « que l’hépatite B ce n’était pas grave et que seul les gens vivant dans la jungle pouvaient l’avoir », dans une autre pharmacie « c’est madame untel, on lui vend toujours deux boites de bromazépam tous les mois sans ordonnance, c’est normal elle paie », ou encore « oui oui on facture les médicaments sur l’ordonnance mais on lui donne de la parapharmacie au lieu des médicaments ». Je ne dis pas qu’aucun pharmacien au Québec ne fait de telles pratiques, mais je trouve que pour ma courte expérience en France (3 ans comme étudiant dans deux pharmacies différentes, puis quelques mois en intérim dans 7-8 pharmacies différentes en Ile-de-France), j’en ai vu des vertes et des pas mûres.


3.     Organisation des officines

Rapidement, les pharmacies sont soit des chaines, soit des bannières (ou franchises), soit indépendantes… Dans tous les cas, le pharmacien est le seul propriétaire au Québec (c’est différent dans le reste du Canada). La partie pharmacie est toujours délimitée et seul les médicaments et autres produits de soin (appareillage médical, pansements, etc.) peuvent se trouver dans cette zone. Le reste du magasin peut être un commerce comme les autres (supermarché, parapharmacie géante, etc.). Cette partie peut être ou non la propriété du pharmacien. Par exemple, chez Wal-Mart, seule la section pharmacie appartient au pharmacien, le reste appartient à la chaine. Dans le cas des franchises, le pharmacien a peu de contrôle sur ce qu’il vend, mais il a toute la liberté de conseiller ou non les produits. Et on n’a quasiment aucun conseil à faire en parapharmacie ou à vanter les mérites de telle ou telle crème miracle contre les rides, il y a des cosméticiennes dont c’est le travail à plein temps de faire ça dans les grosses pharmacies. La loi distingue la partie commerciale de la pharmacie, et la pharmacie en tant que telle. La pharmacie ne peut être ouverte qu’en présence d’un pharmacien.

Contrairement à la France, le patient ne conserve pas son ordonnance. Elle est enregistrée dans le système informatique. Si le patient souhaite changer de pharmacie, on doit réaliser un transfert d’ordonnance en communiquant toutes les informations de l’ordonnance à la pharmacie qui reçoit le transfert (par téléphone ou par fax) : nom du médicament, posologie, prescripteur, nombre de renouvellements restants, etc.


4.     Le personnel

Il n’existe pas de préparateur en pharmacie. Ce sont des assistants techniques. Ils ont parfois une formation mais souvent ils sont formés « sur le tas ». Leur rôle est d’aider le pharmacien dans toutes les tâches techniques : recueil des informations quand le patient apporte une ordonnance (ouverture du dossier, adresse, allergie, autres médicaments), comptage des comprimés, gestion du tiers payant et des problèmes d’assurances, caisse… Bien entendu cela dépend de la taille des pharmacies. On mesure une pharmacie au nombre d’ordonnances par jour (une ordonnance = une ligne de prescription au Québec ; par exemple si sur la prescription il y a rosuvastatine et ramipril, cela fait 2 ordonnances). Une pharmacie moyenne en fait 300 par jour. Plus il y a d’ordonnances, plus il faut de personnel technique et plus il faut de pharmaciens pour encadrer le personnel technique. Par exemple, là où je bosse on est 4 pharmaciens, pour une dizaine de personnel technique et un volume de 700-800 ordonnances par jour, ce qui est beaucoup. Une petite pharmacie avec 100 ordonnances par jour peut se débrouiller avec un pharmacien et un assistant technique dans la journée.


5.     Relations avec les médecins

C’est partout pareil ; ça dépend du médecin et ça dépend du contexte. Mais globalement j’ai plus d’échanges avec les médecins au Québec. Bien sûr je n’ai jamais travaillé dans une petite pharmacie dans un village avec le pharmacien qui connait très bien le médecin du coin. Cependant, au Québec les échanges sont plus fréquents avec les médecins qui reconnaissent bien volontiers notre rôle. Quelques exemples d’interactions fréquentes :

§  L’opinion pharmaceutique ; au vue du dossier d’un patient, je fais une suggestion au médecin pour améliorer la pharmacothérapie. Par exemple, l’autre jour un patient est venu renouveler son inhalateur de salbutamol et son corticostéroïde inhalé comme il le fait tous les mois. Sauf qu’en parlant avec lui, je me rends compte qu’il utilise son salbutamol presque une fois par jour et qu’il est parfois réveillé la nuit par une crise d’asthme. Je décide donc de contacter le médecin pour lui suggérer d’ajouter un β2-mimétique à longue durée d’action afin d’améliorer le contrôle du patient, selon les recommandations en vigueur. Le médecin a accepté et a demandé qu’on avise le patient de prendre rendez-vous avec lui d’ici un ou deux mois afin de réévaluer la situation.

§  La prescription verbale : le médecin appelle pour prescrire verbalement ; je prends note de la prescription et je dispense le médicament. Mais pendant ma discussion avec le médecin, j’ai aussi la possibilité de poser quelques questions sur le patient ou de l’aviser d’une interaction. Par exemple, l’autre jour un médecin m’appelle pour adapter une dose de furosémide ; par curiosité je demande pourquoi et il m’explique rapidement les raisons. Du coup au lieu d’être un simple exécutant de l’ordonnance, je comprends pourquoi ce changement a été fait.

Après il y a les mêmes appels qu’en France : interaction, contre-indication, etc. Souvent le médecin demande « que conseillez-vous ? ». Je ne peux pas juste appeler en disant « y’a une interaction, on fait quoi ? ». Je dois proposer une solution. Par exemple, l’autre jour un monsieur avec une infection urinaire ; son médecin prescrit de la ciprofloxacine. Or le patient prend un β-bloquant, un diurétique, un laxatif, a une insuffisance cardiaque avancée ; la ciprofloxacine peut augmenter le risque d’arythmie (QT) dans certains cas (surtout la moxifloxacine, mais quelques cas ont été décrit pour la ciprofloxacine, la lévofloxacine, l’ofloxacine…). J’appelle donc le médecin pour confirmer ou non la prescription sachant les facteurs de risque du patient (bradycardie, hypokaliémie, pathologie cardiaque). Celui-ci me demande alors « vous avez raison, que suggérez-vous pour remplacer ? ».

Ces échanges sont très enrichissants et rendent le travail passionnant. On se sent réellement un acteur dans le soin du patient. C’est un des avantages à exercer au Québec.

Bien sûr c’est comme partout, il y aura toujours des médecins qui vous diront « de quoi se mêle le pharmacien, c’est moi le médecin et c’est moi qui décide ». Mais globalement, les échanges sont bons.

6.     Salaire

La question qui tue : l’argent ;). Le salaire au Québec est excellent. Je vous invite à consulter le site du gouvernement du Québec sur les perspectives d’emploi et le salaire.


Globalement, le salaire dépend de la région d’exercice. Dans l’ile de Montréal, le salaire initial est d’environ 55-60 dollars de l’heure. On est moins payé en pharmacie hospitalière (malgré des études supplémentaires). En moyenne le salaire annuel peut aller de 80.000 à 150.000 dollars. Les missions d’intérim sont très bien payées car elles peuvent aller jusqu’à plus de 100 dollars de l’heure (avec paiement des frais de déplacement par exemple).

Le pharmacien est payé à l’honoraire. On vent le médicament au prix coutant, plus un honoraire (variable selon le médicament, le mode de distribution (pilulier ou autre), et les assurances du patient). Certains autres actes sont rémunérés par un honoraire également (opinion pharmaceutique, transmission d’un profil pharmaceutique pour les patients à l’urgence, refus de dispensation en cas de contre-indication ou interaction par exemple, prescription de la contraception orale). Cependant, en tant que salarié, on a un salaire fixe ; le propriétaire touche le reste des honoraires.

Le volume horaire est variable ; dans ma chaine de pharmacie, un temps plein est de 28h minimum par semaine. Il n’y a pas d’horaire fixe c’est très flexible. Cela doit surement dépendre de la pharmacie. Il est possible de faire aussi du mi-temps. Dans ma pharmacie, les heures d’ouverture vont de 9h à 22h 7 jours sur 7. Donc parfois je bosse le samedi ou le dimanche (pas payé plus). Mais j’ai souvent 3 jours de suite sans bosser. En moyenne, je fais une trentaine d’heure par semaine. Finalement, je travaille moins qu’en France, j’ai l’impression d’avoir plus de temps et je gagne beaucoup plus J. Mais ça dépend des pharmacies : il y a de petites pharmacies indépendantes ouvertes du lundi au vendredi de 9h à 17h. Elles sont généralement attachées à des cabinets médicaux (qu’on appelle « clinique » au Québec).


7.     L’équivalence

L’équivalence !!! Depuis 2010, un accord entre la France et le Québec a reconnu la formation de pharmacien entre les deux pays (enfin pays et province du Canada). Je vous invite à consulter le site de l’Ordre pour les informations précises :


Tout d’abord, il faut être résident canadien : pas de résidence, pas d’équivalence !! Dans mon cas ça été facile j’ai été parrainé par ma douce moitié et j’ai eu ma résidence permanente du Canada en quelques mois. Mais sinon il faut environ 1 à 2 ans pour avoir la résidence et c’est très sélectif (langue, niveau scolaire, casier judiciaire, problèmes de santé…). Globalement, si tu es serveur, tu as 45 ans et tu es traité pour un trouble psychotique, tu as peu de chance d’avoir un visa directement (on peut même dire que sans parrainage c’est impossible). Un ingénieur jeune de 30 ans en bonne santé n’aura aucun problème. De même un pharmacien jeune et dynamique ;).

Ensuite, il faut être Docteur en Pharmacie (ou Pharmacien) en France, et être inscrit à l’ordre. Donc pas de thèse, pas le droit de faire l’équivalence (une pensée à mes amis de fac qui font parfois leur thèse sur deux ans J). Puis il faut choisir parmi deux parcours :

§  Examen fédéral appelé BEPC (partie orale uniquement, appelée « examen d’aptitude »)
§  Cours de 2 ans de remise à niveau en pharmacie clinique et soins pharmaceutiques

Les jeunes sortis fraichement de l’université ont intérêt à prendre la première voie, à condition d’avoir une bonne expérience en officine. Car l’examen oral c’est un examen d’aptitude du pharmacien centré sur la pharmacie clinique. Cet examen est obligatoire pour tous les canadiens, sauf les québécois. Il y a une partie écrite et une partie orale.

Nous autres français n’avons que la partir orale à faire. Je ne peux malheureusement pas vous en parler précisément car j’ai signé un document attestant que je ne parlerai pas du contenu de mon examen. Je vous invite à consulter le site internet de l’organisme qui s’occupe de cet examen pour plus de détail.


Lisez les parties « À propos de la partie II » et « Se préparer à la partie II ». En gros, ce sont des ateliers pratiques de conseil au patient, d’analyse d’ordonnances, de vérification de piluliers, d’aide à  la prescription au médecin, etc. On a le droit à des ouvrages de référence. Ce n’est pas difficile, mais il y a des pièges. Les cas sont généralement simples (expliquer un traitement, orienter le patient vers un médecin s’il présente des signes d’alertes). Mais c’est très stressant et il faut bien se préparer. Sur leur site il y a des exemples de situations dans la partie « formulation des questions partie II ». Je vous cite le début :

Formulation des questions - Partie II (ECOS)

La partie II de l'examen d'aptitude consiste en des simulations (« postes ») interactives et non interactives.

À chaque poste on vous demande d'exécuter une ou plusieurs tâches de courte durée comme :

• conseiller ou répondre aux questions d'un « Patient normalisé » ou « Client normalisé »
• entrer en interaction avec un « Patient normalisé », un « Client normalisé » ou un
« Professionnel de la santé normalisé » afin de résoudre un problème lié à la pharmacothérapie ou d’ordre moral
• répondre par écrit à un message ou une demande de renseignement ou de conseil
• faire le triage ou l'évaluation de nouvelles prescriptions
• faire la vérification de l'ordonnance préparée avant sa remise au patient.

On peut vous demander de choisir la meilleure option thérapeutique possible et de justifier votre choix. À titre d'exemple, dans une simulation où il est question de répondre à un patient qui demande de l'aide dans la sélection d'un médicament de vente libre pour soulager les symptômes du rhume, un nombre restreint de produits sera en étalage et il y aura une ou plusieurs options valables/non valables. Même si vous croyez qu'il en existe de meilleures, vous devez choisir la meilleure parmi celles qui sont offertes dans la simulation.

En toute situation, on s’attend à ce que vous fassiez montre de jugement professionnel et/ou moral et agissiez dans l’intérêt véritable du patient afin de lui dispenser de bons soins. Dans la plupart des cas, on vous demandera d’aider le client d'une manière quelconque, pendant sa présence au poste, et ne pas vous contenter de le diriger vers un autre professionnel de la santé ou de déclarer que vous allez le rappeler plus tard pour lui donner la réponse (mais vous pouvez orienter le patient ou offrir de le rappeler, en plus de lui apporter l'aide appropriée).

Les problèmes d’ordre moral ce n’est vraiment pas cool, croyez-moi !!!


Ensuite, il y a un examen de loi sur le système de santé au Québec ; il peut être fait en parallèle, ce n’est pas compliqué, c’est un gros livre à lire et à répondre à des questions. Enfin, un stage de 600 heures en officine ou à l’hôpital, un rapport de stage, et c’est gagné.

Ce n’est pas compliqué mais c’est long !! Pourquoi ? Car il n’y a que 2 dates par an pour l’examen fédéral : mai et novembre. Et il faut s’inscrire plusieurs mois à l’avance. Pour vous donner une idée de mon parcours :

-       Demande de résidence permanente en octobre 2012
-       Résidence permanente accordée en février 2013 (rapidité car j’ai été parrainé !! sinon c’est 1 an ou 2 parfois)
-       Thèse d’exercice en mai 2013
-       Envoi du dossier d’équivalence à l’ordre des pharmaciens du Québec en juin 2013
-       Inscription à l’examen fédéral en juillet 2013 (date limite en août)
-       Arrivée au Québec en août 2013
-       Travail comme assistant technique pour observer d’août à fin décembre 2013
-       Examen fédéral en novembre 2013
-       Examen de loi du Québec en décembre 2013
-       Résultats des deux examens fin décembre 2013
-       Stage de janvier à fin avril 2014 (rémunéré dans mon cas)

N’oublions pas le prix ; environ 2500 dollars en tout ! Et c’est parce que j’ai tout réussi du premier coup. Chaque examen fédéral coûte 1500 dollars ! Et en cas d’échec il faut repayer la même somme.

Je ne parlerai pas de la formation de 2 ans en cas de trois échecs à l’examen fédéral ou en cas de choix direct de cette voie car je ne l’ai pas fait. Je sais juste qu’il y a un entretien avant d’être accepté à l’université pour faire cette voie. Et je rappelle que cette équivalence est valable au Québec, et pas dans le reste du Canada. Chaque province a ses particularités (et pas de reconnaissance mutuelle comme avec le Québec) !

Pour information, sachez qu’un pharmacien québécois n’a juste à faire que le stage de 6 mois pour avoir son équivalence. Doit-on comprendre que le travail de pharmacien en France est moins pris au sérieux ? Ou que nos compétences sont inférieures aux leurs ? Pourquoi doit-on se farcir un examen super compliqué ? Bref c’est un autre débat.

Dans mon cas j’ai été chanceux car j’ai travaillé dans une pharmacie super, avec un propriétaire jeune qui m’a confié des responsabilités rapidement pendant mon stage. Cela m’a beaucoup aidé à réussir ces épreuves.


CONCLUSION

J’espère que cette ébauche vous illustrera un peu la pharmacie au Québec et mon parcours. Si vous avez des questions, n’hésitez pas J. Je n’ai pas abordé les points noirs (surmédicalisation, excès de prescription des psychotropes, et autres choses qui me choquent en Amérique du Nord). Peut-être une autre fois ? Bonne continuation à tous.

Thomas.

dimanche 30 mars 2014

Généricôlogue



Faculté de pharmacie, Harvard français, juin 2013.
En fait, non, en pharmacie, ce n’est pas le Harvard français… C’est bien une fac qui met un maximum de moyen pour la filière internat. Mais les résultats sont moyens. Les officinaux, c’est pire, évidemment.

6ème année d’études, le moment de passer l’examen de stage.
C’est l’examen le plus cool je crois. Stressant mais très cool.
En fait, il est validé pratiquement pour tous, pour la partie commentaires d’ordonnance.

Donc pour valider cette partie là… Il faut juste ne pas faire 2 erreurs :
1.     AVK ¼ - ¼ - ½ = J1, J2, J3 et non ¼ matin, midi et ½ le soir.
2.     Méthotrexate = 1 fois par semaine.

Voilà. Pour le reste, les étudiants peuvent raconter des bêtises, ça passe. Enfin, il ne faut pas déconner non plus hein.
Et puis, il y a les commentaires de préparation, mais on ne comprend plus rien : crème, pommade, excipial lipo-truc… Heureusement que nos jurys ne publient pas nos réponses.

Et oui, la partie commentaires d’ordonnance est très importante dans la filière… Elle faisait toujours rire mes co-externes en médecine, mais « qu’est-ce qu’il raconte l’épicier là ». Et pourtant, lorsqu’on regarde de près les prescriptions de leurs ainés… Bref, les grands de ce monde, comme Perruche Automne et Grangeblanche ont compris que le pharmacien faisait parti du système de soins.

Donc examen de commentaire d’ordonnances, ordonnance de Previscan (je me suis bien éclaté hein), commentaires de préparation (je me suis bien planté hein) et voilà. Validé. Toujours pas pharmacien à ce jour, à la recherche de la thèse, mais la fac, c’est déjà un peu loin.

Puis commence le travail en régulier à la pharmacie. Et le renforcement de la pratique, la prise des repères, le moment de définir sa façon de travailler…

Comme tout bon étudiant en pharmacie, je deviens donc généricôlogue.
Il faut tout substituer…
Pourquoi ? Parce que les médicaments génériques permettent de réaliser des milliards d’économie à l’Assurance Maladie… Oui, je sais, une refonte du l’hôpital aurait donné de meilleurs résultats. Mais je ne peux pas agir là-dessus. Pas plus que sur le déremboursement des anticholinestérasiques (génériqués aussi), pas plus sur la prescription des statines…
 Et accessoirement, avec les médicaments génériques, il y a une meilleure marge pour le pharmacien, à l’heure où les prix des médicaments sont régulièrement revus à la baisse… Bon, c’est vrai, je n’en profite pas directement, mais il faut aussi que le pharmacien pour qui je travaille puisse me payer. Et puis, ce qui est bien aussi avec les génériques, c’est que si un fabricant est en rupture de stock, et bien il y a des alternatives… Cela n’a pas empêché la France d’être totalement privé de Doxycycline en ce début d’année.

En bon généricôlogue donc, j’explique aux patients que le médicament générique c’est la même chose (à peu près)… Parfois, il y a des patients qui trouvent que ce n’est pas la même chose…

Il y a le farfelu, le Dafalgan l’endort trop par rapport au Doliprane. Va savoir si ce n’est pas la gélule, faite à base de gélatine d’origine porcine. Mais le Paracétamol n’est pas inscrit au répertoire, donc ça va…

Il y a le bon récepteur au placebo pour qui le Tanganil marchait très bien mais l’Acétylleucine (que j’ai imposé) ne fait plus rien. M. Pierre Fabre l’a écouté et a réussi à faire du Tanganil un générique.

Il y a aussi Lucienne, 86 ans et ses brûlures d'estomac, dont le Mopral peut changer à peu près 20 fois. Je lui substitue tout, même si parfois je n’ai pas un générique avec des microgranules gastro-résistants… De toute façon, Mopral ou lactose, tout part ensemble avec son yahourrr… 


(Bon, en vrai, j’ai vérifié. Celui que je dispense est bien avec mic… Euh enfin, vous l’avez compris, c’est ok).

Vous l’aurez aussi compris il faut tout génériquer…
Ah oui, sinon, dame sécurité sociale tombe dessus.
Le générique, c’est la même chose on vous dit ! Peu importe que les excipients changent, peu importe la vingtaine de changement de couleur, peu importe que les médicaments soient à marge thérapeutique étroite,

Finalement, à force de répéter la même chose, et en retardant, voire annulant les remboursements des princeps pour les résistants, Gilles Bonnefond peut s’enorgueillir d’avoir atteint les 85% de substitution :  . Ici c’est 80% mais bon.

Et puis, je me suis attaqué à tous les génériques… Un peu trop peut-être, jusqu’à oublier le patient ?

Par exemple, l’Oropéridys en comprimé, et bien j’ai voulu mettre la Dompéridone en sirop…
Si le patient savait que ce sirop contient du méchant paraben
C’était rigolo.


Et puis, il y a eu ce cas, où la situation a failli être moins rigolo. Celle de M. Bruno, 55 ans et sa polyarthrite rhumatoïde. M. Bruno avait du Novatrex 2,5mg. Un médicament princeps dont le générique était l’Imeth 2,5mg.

Meth comme Méthotrexate, pas Méthadone voyons !!! (1ère khonnerie au niveau de la fiche de l’ANSM).

Cela ne s’arrête pas là… M. Bruno est le seul sous Novatrex 2,5mg. Et puis il y a des patients sous Imeth… 10mg qui est le générique de… rien.

La sécurité sociale ayant décidé il y a 2 mois de refuser tous les dossiers contenant des princeps, Bruno s’est retrouvé avec de l’Imeth 10mg au lieu de l’Imeth 2,5mg… Heureusement qu’il avait noté la différence. Notez que si le patient avait suivi bêtement la prescription, il se serait retrouvé avec 80mg de Méthotrexate. Sans parler des traitements associés.
C’est moins rigolo.
(Je crois que mes profs avaient raison d’insister sur le Méthotrexate finalement…)

Puis, en regardant la fiche des équivalents sur Thériaque, on peut remarquer qu’il y a une 3ème on remarque une troisième spécialité à base de Méthotrexate… C’est le Méthotrexate Bellon 2,5mg qui n’est ni générique, ni princeps. Avec l’avantage de faire ressortir la DCI (2ème khonnerie : avoir ET un générique ET un nom différent de la DCI.).

Vous n’avez rien compris n’est-ce pas ?
Disons juste que c'était chaud...

Et pourtant, les exemples de ce type là ne manquent pas.


Finalement*, je ne peux que renouveler des vœux pieux pour les génériques :
-       Avoir une DCI bien visible (écrit en gros, aussi bien pour le générique que pour le princeps)
-       Avoir les mêmes compositions quantitative et qualitative pour excipients
-       Avoir le même conditionnement pour tous les génériques et le princeps
(Dernier paragraphe écrit en rêvant)