Lorsqu’une ordonnance étrangère arrive à la pharmacie, c’est toujours un moment difficile.
Il s’agit souvent de la prise en charge d’une
maladie chronique, de type hypertension artérielle. Cela se gère plus ou moins bien .
Lorsqu’on est en face de psychotropes, il n’y a pas à réfléchir, on refuse.
Et puis parfois il y a des demandes assez
pointus. Il n’y en avait pas beaucoup en ville.
J’en voyais beaucoup pendant l’externat.
C’était souvent le cas des anticancéreux. Je
refusais gentiment, en me disant que la personne avait un certain âge, ne
pouvant rien faire d’autre.
En revanche, pour Said, 6 mois, c’était plus
difficile de refuser.
Said habite évidemment loin, au "bled".
Said envoie son oncle cherche de l’Adixone.
En général, son oncle passe à la pharmacie d’officine.
Il doit sans doute connaître un pharmacien à qui il a expliqué la pathologie
rare de Said, les difficultés à s’approvisionner en médicament.
Mais voilà, 2012 était aussi le moment de la
suspension des activités d’Alkopharm [1].
Il fallait faire venir des autres pays
européens des médicaments indispensables : anti-épileptiques,
antithyroïdiens et bien d’autres encore. Les médicaments n’ayant pas d’autorisation
de mise sur le marché, il n’y avait d’autre solution que d’organiser la
dispensation à l’hôpital.
Ainsi, l’Adixone était remplacé par le
Florinef, qui n’avait ni le même dosage, ni les mêmes modalités de
conservation. [2]
Et lorsqu’il me demandait de lui dispenser ce
médicament, je ne pouvais plus me soustraire aux nombreuses procédures
précédant cette dispensation.
Said en avait besoin. Ce médicament n’était
pas fait pour soigner son rhume. Il souffrait d'une maladie bien plus grave.
Mais il n’y avait aucune solution. Il a été
orienté vers un hôpital pédiatrique, peut-être y a-t-il une issue de secours
pour Said, une issue de survie.
Pour 2013, nous nous souhaitons les meilleurs
vœux, une bonne santé.
J’espère que ce type de situation ne se
reproduira pas. Ni pour Said, ni pour personne.